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Que la société meure de l'économie est prévisible selon Bernard Maris lisant Michel Houellebecq (Houellebecq économiste cité par Les Cahiers de L'Herne, janvier 2017, p. 243) car ses romans entonnent le refrain de la compétition perverse, la servitude volontaire, la peur, l'envie, le progrès, la solitude, l'obsolescence. "Le capitalisme est dans son principe un état de guerre permanente" qui fait souffrir les héros de Houellebecq.

Soins palliatifs

Le Figaro publie ce 25 avril 2017 "La dette recule en zone euro mais pas en France". On y trouve les deux figures décrivant d'une part l'endettement des pays de la zone euro au 4e trimestre 2016 et le déficit public en 2016, exprimés en pourcentage du PIB. Le graphe du déficit public regroupe sur sa gauche des pays qui vont économiquement bien et d'autres plus mal : le Luxembourg y côtoie la Grèce, et l'Allemagne, Chypre. Le graphique de la dette met assez nettement les pays malades sur la gauche et les vertueux sur la droite. La juxtaposition de ces deux graphiques dans le même article montre ainsi des pays plongés dans le marasme, assommant leur population et perdant leurs jeunes, mais diminuant leur déficit public pour se conformer à la doxa des Dijsselbloem et Schauble, tandis que leur endettement prouve que l'efficacité du remède n'est pas avérée. Les soins imposés aux endettés ne leur redonnent pas la santé, même des années après. Le Portugal, Chypre et la Grèce ont été placés en unité de soins par la Troïka, dont on espère que ce ne sont pas des soins palliatifs. Les prochaines victimes qui pourraient être soignées peuvent se lire sur la gauche du graphique de la dette. Hors Europe, des pays comme l'Argentine peuvent attester que la guerre économique est effectivement permanente et fait souffrir.

Une soumission acceptée et apaisante ?

Le premier ministre grec déclarait au parlement européen : "Mon pays, ces cinq dernières années, est devenu un champ d'expérimentation de l'austérité". Le gouvernement grec s'est senti humilié, mais en même temps, s'est soumis à la Troïka. B. Maris montre comment les romans de M. Houellebecq mettent en scène à l'échelle de l'entreprise, une économie fondée sur l'asservissement volontaire, sur la soumission, pour reprendre un titre de M. Houellebecq. Une soumission qui n'épargne pas la souffrance, ni l'incertitude ni l'angoisse à ses peuples, contrairement à la soumission comme remède à une certaine fatigue de la liberté. Le joug pour se libérer de la liberté, selon Yasmina Reza (Houellebecq, Cahiers de L'Herne, 2017, p. 260).

arnaud delebarre

25 avril 2017

Tag(s) : #Houellebecq, #Maris, #Economie, #Société, #Dette, #Grèce, #Soumission, #Entreprise, #L'Herne
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