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La dissolution des universités et écoles dans des méta-établissements et leurs marques

Il y a tant de classements d'universités depuis quelques années qu'il existe aussi un méta-classement basé sur la moyenne des trois classements de Shanghaï, du Times Higher Education et du Quacquarelli Symonds. La France ne brille dans aucun des 3 classements ni dans ce méta-classement.

L'art français de dissolution des écoles et universités dans des méta-structures

En France on manque de tête de gondole internationale, mais on a le groupement, voire la solution, facile. On construit des des méta-universités et des méta-écoles. Dans l'espoir que cela contribuera à une visibilité ou une lisibilité; ou à des économies d'échelle par synergie et mutualisation; ou pour créer des postes dans ces méta-instances à des individus censés être essentiels au monde de la formation.

Obésité et visibilité des méta-établissements et des groupements

La taille des méta-établissements a parfois des effets pervers sur la visibilité et la notoriété. Son efficacité est quasi-nulle sur les classements internationaux car les variables "classantes" ne sont que marginalement celles modifiées par les regroupements. Quelques établissements peuvent se rassembler pour partager des Nobel; leur nombre n'augmentera pas pour monter dans le Shanghaï. Quand dix écoles d'ingénieurs décident de concourir sous le label d'un collégium de l'université de Lorraine, celui-ci se place troisième dans le classement de l'Usine Nouvelle, mais pas les écoles elles-mêmes (dans une première édition du classement leur nom n'apparaissait même pas). L'Usine Nouvelle a beau écrire "[...] que l’effet de taille est indispensable si l’on souhaite rendre visible les établissements français" : qui devient plus visible ? Les écoles ou la méta-école ? La marque de certaines écoles d'ingénieurs y survivra-t-elle quand les écoles de Grenoble INP commencent à être remplacées dans les médias par l'école Grenoble INP (sic). Du côté d'autres Ministères, l'Institut Mines-Telecom (IMT) propose la dissolution des personnalités morales à ses écoles, tandis que quelques écoles Telecom et Mines préparent leur fusion. La visibilité d'un groupement ou d'un méta-établissement peut éventuellement s'accroître, mais peut-être pas celle des entités initiales. La marque ELF est-elle devenue plus visible quand elle a été achetée par TOTAL ? La marque école des Mines de Nancy sera-t-elle oubliée après une co-existence avec la marque de son Collegium ?

Les régimes minceur et les marques

La stratégie des regroupements fusionnels a encore quelques opposants. Des marques ne veulent pas disparaître au sein d'un groupe, même si il a (ou aura) une marque reconnue, et veulent continuer d'être fortes, même associées ou intégrées dans un groupe. Le Groupe Polytech a oeuvré en respectant ses écoles d'ingénieur sans tenter de se substituer à elles, et en créant une valeur ajoutée par la richesse des parcours proposés aux étudiants. Gaïa Universitas propose une analyse des cas de Grenoble et de Rennes où les arguments, notamment de visibilité, conduisent à fusionner dans le premier cas, et à ne pas fusionner dans le second. Il sera d'ailleurs intéressant de suivre le devenir de l'école d'ingénieurs Polytech Grenoble dans la fusion des universités grenobloises, compte tenu du rapprochement de Grenoble INP avec elle. De même, il sera intéressant de suivre les universités comme celles de Rennes, qui ne fusionnent pas (pour l'instant) ou ne s'intègrent pas dans des méta-structures, dans leurs moyens de fonctionner et dans la variété de leurs cursus, en comparaison de celles qui ont opté pour la stratégie inverse. Les synergies, les économies d’échelle, et plus généralement les moyens attribués seront-ils réalité et redistribués vers les unités opérationnelles ou bien les méta-structures amoindriront les gains d’efficacité en accaparant trop de moyens au détriment de leurs composantes. Les dotations de l'Etat seront-elles sélectives ou trop parcimonieuses pour faire la différence ?

arnaud delebarre

16 avril 2015

Tag(s) : #Ecole, #Grenoble, #IMT, #Ingénieurs, #Lorraine, #Marque, #Palmarès, #Polytech, #Shanghaï, #COMUE
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