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Comment socialiser les élites

L'appel "Oui à des grandes écoles vraiment pour tous" publié le 7 janvier indique judicieusement que l'ouverture sociale des grandes écoles doit se faire non seulement par les admissions, mais aussi par la formation qui y est dispensée trop peu orientée vers la connaissance et l'immersion sociales du et sur le terrain. Les auteurs pointent les limites des "conventions ZEP" ou de "Une grande école pourquoi pas moi" qui ne modifient pas assez les profils des futures élites.

Des projets citoyens pour tous les élèves

Les auteurs de cet appel ont eux-mêmes une vision élitiste des écoles car ils méconnaissent des établissements (peut-être de moins grandes écoles ?) qui, non seulement ont ouvert leurs admissions, mais ont aussi remodelé leurs programmes de formation pour produire des "élites" en phase avec la réalité sociale. J'ai ainsi dirigé une école d'ingénieurs où chaque élève réalisait un projet citoyen en partenariat avec les territoires et institutions, dédié à la société, et un projet d'investissement dans la vie de la collectivité, tous deux obligatoires. Ces projets étaient tout autant évalués et contributeurs au futur diplôme, que l'étaient des projets ou stages réalisés en entreprise. Ces exercices citoyens ou collectifs visaient à former des ingénieurs moins arrogants, capables d'appréhender la réalité scientifique, économique autant que la réalité sociale, des ingénieurs en phase avec la réalité de la société dans leurs futures décisions ou réalisations. Par ailleurs, des prix Nobel alternatifs (lauréats du Right Livelihood Award) venaient également animer des ateliers auprès des élèves pour montrer comment construire des solutions alternatives où les désirs et souhaits de la société sont effectivement intégrés aux solutions technologiques ou organisationnelles finalisées.

Des résistances à la socialisation des élites

Les résistances à l'introduction de tels projets citoyens ou de tels ateliers dans la formation d'un ingénieur généraliste sont bien souvent venues d'enseignants ou d'élus du conseil de l'école : un bon ingénieur est d'abord un fort en technique. Les étudiants étaient plus ouverts à imaginer que savoir résoudre une équation mathématique ne donne pas raison sans une prise en compte des désirs et besoins exprimés par la société, de l'environnement social, pour et dans lesquels leur futur métier d'ingénieurs s'exercera.

Le manifeste "Oui à des grandes écoles vraiment pour tous" s'achève sur une proposition qui rappelle l'intervention de cette citoyenne qui avait pris M. Copé à partie au cours d'une émission des paroles et des actes. Mme I. Maurer contestait à M. Copé la compréhension qu'il prétendait avoir de ce qu'elle vivait : elle avait proposé à M. Copé de vivre un mois de sa vie à elle pour qu'il comprenne effectivement la réalité sociale qu'il disait connaître.

11 janvier 2014

arnaud delebarre

Tag(s) : #Education, #Enseignants, #Ingénieurs, #Société
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