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L'inquiétude : une reformulation technocratique de la contestation

L'inquiétude est devenue la qualification de la contestation. Pas une semaine sans entendre cette affirmation martiale : "j'ai, nous, avons entendu l'inquiétude des français". Les politiques pensent que le peuple est inquiet, quand il exprime son opposition. L'usage du mot "inquiétude" serait-il une dérive de l'instruction des élites pour désigner des oppositions populaires ? Ou bien est-ce seulement l'expression du mépris d'une classe dirigeante, puisque le peuple, quand il s'oppose, ne le ferait pas par réflexion et argumentations, mais par inquiétude !

J'ai publié ici quelques exemples de discours : parmi les récentes démonstrations, P. Moscovici est particulièrement simplificateur pour éviter de taxer les transactions financières. D'ailleurs, n'est-ce pas le politique qui devient de plus en plus introverti par inquiétude et précaution ? Les hommes et femmes politiques se projetteraient-ils en attribuant au "peuple français" de l'inquiétude quand celui-ci conteste ? S. Royal vient ce 12 novembre de parler d'inquiétude à l'antenne de France Culture. Est-ce une tare de l'enseignement à l'ENA (photo) que de caricaturer les oppositions populaires d'"inquiètes" ? Malheureusement, l'inquiétude comme reformulation de la contestation a largement essaimé au-delà de l'ENA. C'est devenu un tic de langage.

Je suis donc inquiet que toute analyse contestatrice ne soit dorénavant qualifiée d'inquiétude. La vie quotidienne est stressante pour beaucoup de français. Mais je conteste qu'une demande du respect de l'engagement électoral ou que l'expression de propositions alternatives ne soient rangées avec mépris au rang de l'inquiétude.

12 novembre 2013

arnaud delabrre

Tag(s) : #Audace, #Inquiétude, #Société, #ENA
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